Mort

Elisabeth Pluquet
2 min readApr 10, 2022
Photo by Caleb Woods on Unsplash

Tu étais jeune. Beaucoup trop peut-être. Est-ce qu’il y a vraiment un âge pour ça en fait ?

Il y avait un moment où tu étais en formation et où tu avais des horaires de stage décalées. Et une activité qui te laissait sur les rotules, tant psychologiquement que physiquement.

Pour être plus précise, sur cette période de formation et de stages à horaires décalées, tu étais en “école infirmière”. Tu voulais devenir une blouse blanche toi aussi. Mais les blouses que tu as rencontré t’ont détruite.

À vrai dire, tu étais un peu le punching-ball et la poubelle de tout le monde. Le paillasson sur lequel essuyer des chaussures.

Ton environnement n’était donc pas top top… Mais c’est un autre sujet. Quoi que.

C’est un peu la cerise sur le gâteau, sauf que le gâteau est périmé depuis longtemps (est-ce qu’il a été mangeable un jour ?) et que la cerise c’est un peu l’épée de Damoclès qui te tombe dessus.

Pas très bon n’est-ce pas ? Le programme n’est pas très alléchant.

Ça ne l’est pas. Pendant un moment, tu allais te coucher le soir sans être sûre de te réveiller le lendemain.
Tu ne savais pas si le voisin allait réussir à tous vous tuer pendant la nuit. Ce n’est pas l’idéal pour dormir. En vrai tu étais tellement épuisée de partout par ton travail de blouse sale, que le sommeil finissait quand même par t’avoir par moments.

Mais l’instinct de survie te réveillait quand même pendant les crises du fou. L’instinct de survie qui espérait survivre au cas où il réussissait à défoncer cette porte.

Toi tu préférais dormir. Quitte à mourir, autant que ce soit vite et pendant ton sommeil, tant qu’à faire.

Et puis, quand c’était pas le voisin, c’était les gens de la cité qui faisaient exploser les voitures garées devant l’immeuble. Risquant d’incendier l’arbre devant vos fenêtres.

Quand ce n’était pas les voitures qui prenaient… C’était la route. Tu ne savais pas que c’était possible de mettre le feu à une route. Mais les êtres humains sont terriblement inventifs. Avec suffisamment de combustible, c’est possible de fondre le goudron.

Souvent la police venait rejoindre ce barbecue géant. Il y a même une fois où tu as cru que tout ça allait partir en guerre tellement c’était violent.

Les pyromanes extérieurs, tu as finis par t’y faire. Tu observais les interventions des pompiers. Et la police qui tentait d’arrêter les troubles. Bon parfois tu t’es fait de grosses frayeurs quand même.

Mais le fou… C’était le plus horrible. Se coucher le soir, sans savoir si tu allais te réveiller… Mourir pendant la nuit…

Dans un environnement pas très sain de base…

Ce n’était assurément pas une bonne époque…

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